Ankara
envoyé spécial
Il y a cinq ans, au soir du premier grand triomphe électoral de son parti, l'AKP, le Parti de la justice et du développement, Recep Tayyip Erdogan clamait haut et fort : «L'Union européenne représente la première des priorités pour la Turquie.» Déjà leader incontesté de cette force politique mutante issue du mouvement islamiste, il n'avait pu être candidat, interdit d'élection à cause d'une condamnation à quatre mois de prison pour «incitation à la haine religieuse». Quelques mois plus tard, il était élu et devenait Premier ministre à la place d'Abdullah Gül, son bras droit, son «frère», qui avait occupé le fauteuil ad interim.
Cette année pendant la campagne, il n'a pratiquement fait aucune allusion à l'Europe, pas même pour revendiquer à son actif l'ouverture des négociations d'adhésion obtenue à l'arraché en octobre 2005. «Il sait n'avoir rien à gagner électoralement sur ce terrain», souligne Cengiz Aktar, spécialiste des questions européennes. Les réformes sont quasiment interrompues depuis deux ans et l'euroscepticisme des Turcs s'accroît, au diapason de la montée du «turco-scepticisme» des Européens.
Après le scrutin, il aura probablement quelques mots sur l'Europe pour la presse internationale. «Il a parfaitement compris que la perspective de l'intégration européenne et les réformes qu'elle impose sont sa meilleure garantie face aux durs du camp laïc et à l'armée», analyse Mehmet Metiner, qui fut l'un