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«En Turquie, si le peuple a gagné, il reste encore à construire la démocratie»

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Après la victoire du Parti de la justice et du développement, dimanche, le chercheur Cengiz Aktar juge que la Turquie quitte le système mis en place au lendemain du coup d'Etat de 1980.
par Marc Sémo (recueilli à Ankara)
publié le 24 juillet 2007 à 7h00

Spécialiste des questions européennes et professeur à l'université Bahcesehir d'Istanbul, Cengiz Aktar, chroniqueur dans plusieurs quotidiens turcs analyse le résultat des élections du 22 juillet qui a vu la victoire de l'AKP.
Que signifie le triomphe de l'AKP (parti de la justice et du développement, issu du mouvement islamiste) du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan ?
Le message du suffrage universel est un clair signal démocratique. Les militaires ou autres apprentis putschiste devront y réfléchir à deux fois avant de lancer comme le 27 avril dernier «un mémorandum» de mise en garde. Cette intervention directe de l'armée dans le jeu politique a eu un effet inverse de celui escompté, renforçant encore le soutien à l'AKP le parti au pouvoir. Les électeurs ne veulent plus d'interférence de responsables non élus. C'est le grand retour de la politique. Malgré le barrage imposant aux partis, un seuil minimum de 10% des voix à l'échelle nationale, ce nouveau parlement, avec les quatre forces qui le composent, fédère quelque 85% des électeurs alors que celui de 2002 ne comptait que deux partis, l'AKP et le CHP (le parti républicain du peuple, gauche kémaliste) représentant seulement 55% de l'électorat. Cela montre que la Turquie est finalement en train de sortir du système mis en place après le coup d'Etat de septembre 1980, qui ne correspond plus à la réalité d'un pays qui a connu des grands changements depuis cette époque. Mais si le peuple a gagné,