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Libération

Mort du dernier roi d'Afghanistan

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Souverain modeste, Zaher Shah avait introduit la démocratie avant d'être détrôné en 1973.
publié le 24 juillet 2007 à 8h54

C'est un roi qui ne voulait pas être roi. Il régna pourtant pendant quarante ans. Décédé hier à Kaboul à l'âge de 92 ans, Zaher Shah était un gentleman francophile, qui avait trop peu de goût pour le pouvoir. Le dernier roi afghan aura donc laissé peu de souvenirs dans la mémoire du pays. Excepté un seul : il incarna la paix. Sous sa gouvernance, son royaume ne fut traversé par aucun conflit. Le pays s'éveilla même à la démocratie avec des élections libres, vit les droits de l'homme progresser, et la condition de la femme s'améliorer.

Tutelle. Membre du clan des Durani, fondateur de la monarchie, il passa sa jeunesse à Paris. L'assassinat de son père, en 1933, le contraint à devenir roi, à 19 ans. Mais, sous tutelle jusqu'en 1963, il ne dirigea vraiment son pays que pendant dix ans. Le coup d'Etat de son cousin, le prince Daoud, à l'été 1973, le jette dans l'exil et un long silence, et précipite les périls : le coup d'Etat communiste, l'invasion soviétique, la guerre civile, les talibans. Trente ans, où il se manifesta peu, vivant sans ostentation. Mais, n'intervenant pas sur la scène publique, le reclus de Rome, déchu de sa nationalité, donna une impression de distance avec les souffrances de son peuple. Un reproche déjà formulé contre lui lors de la famine qui avait saisi dans les années 70 en Afghanistan.

Echiquier. Dans les années 80, il veut retrouver un rôle, négociant des initiatives de paix et appelant les moudjahidin en lutte contre les communistes à s'u