Amman
correspondance
«Armée américaine cherche interprètes jordaniens». C'est que ce promettent, en anglais, les centaines d'affiches sur les murs des quartiers populaires d'Amman. Derrière ces mots, on trouve la compagnie américaine Titan, principale société à fournir des civils aux troupes en Irak, dont des interprètes anglais-arabe. Le salaire promis : 1 150 dollars par mois, dix fois le revenu moyen jordanien (mais aussi le salaire quotidien d'un mercenaire en Irak). Les quatre numéros de téléphone mènent à un vieux magasin de chaussures tenu par un Jordanien enthousiaste : «Mes deux frères sont en ce moment en Irak avec l'armée. Je peux vous dire que c'est vraiment un bon travail, ils en sont très contents.»
«Argent». Il tente de convaincre une chrétienne de 19 ans qui a entendu parler de la mission dans sa faculté. Après avoir rempli un formulaire au logo «Titan», elle paie une taxe de 20 dinars jordaniens (21 euros), qui ira dans les poches du commerçant. Prochaine étape, un entretien d'anglais avec les Américains de Titan.
Les 1 150 dollars ont aussi attiré Hisham, la trentaine. «Sur leur formulaire, à la question Pourquoi voulez vous être interprète en Irak ? , j'ai répondu l'argent . Mais ça ne leur a pas plu, ils ont insisté pour que j'écrive à la place que j'étais fier de servir mon pays auprès de l'armée américaine.»
Hisham a passé le second entretien dans une maison du quartier riche de Sweifieh. Sur la porte, aucun logo de Titan