La Paz
de notre correspondant
Ce fut sans doute la plus grande manifestation de l'histoire de la Bolivie. Un million de personnes sont descendues vendredi 20 juillet dans les rues de La Paz et sa banlieue pauvre d'El Alto. Avec un seul mot d'ordre : «La capitale ne bougera pas !» Derrière certains opposants au président Evo Morales, la ville de Sucre, dans le sud du pays, veut en effet redevenir «capitale pleine et entière» de ce pays d'Amérique latine. Une revendication qui réveille de vieilles tensions régionalistes et autonomistes.
L'Etat bolivien est aujourd'hui officiellement bicéphale. La ville de Sucre, 260 000 habitants, est la capitale constitutionnelle. Mais, vaincue lors de la guerre civile de 1899, elle n'abrite plus désormais que le pouvoir judiciaire. Depuis, la capitale de facto, où siègent les pouvoirs exécutif et législatif, est La Paz, 2,6 millions d'habitants en comptant El Alto. Entre les deux villes, 714 km, et beaucoup de rancunes.
Les partisans de Sucre ont déposé un projet d'article à l'Assemblée constituante, qui siège actuellement, pour que la ville du Sud redevienne capitale. Pays le plus pauvre d'Amérique du Sud, la Bolivie a portant d'autres priorités. L'argument officiel des «pro-Sucre» est de permettre le développement des régions méridionales face au centralisme de La Paz : «Nous avons attendu longtemps le changement, assène ainsi Arminda Morales, présidente de la principale association civique de Sucre. Nous