Bogotá
de notre correspondant
Des milliers de Colombiens ont reçu en héros un marcheur fatigué, barbichu et enchaîné, qu'ils ignoraient il y a deux mois. Gustavo Moncayo, père d'un caporal otage de la guérilla marxiste des Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie), a fini mercredi à Bogotá sous les vivats son périple «pour la paix» de plus de 900 kilomètres.
Quand il est parti de son village de Sandoná, dans les Andes du sud-ouest du pays, le 17 juin, nombre de ses voisins croyaient à un nouveau coup de folie. Le professeur désespéré, sans nouvelles de son fils depuis trop longtemps, avait décidé de traverser son pays à pied avec quelques pesos pour «défier l'indifférence des Colombiens». Pour cela, il s'était déjà enchaîné à des bâtiments publics, avait menacé de se crucifier. En vain.
Survivants. Son calvaire a commencé le 21 décembre 1997, quand les guérilleros des Farc ont pris d'assaut la base de Patascoy, et fait prisonniers les 28 militaires survivants. Parmi eux, Pablo Emilio Moncayo allait devenir au fil des ans l'un des plus anciens otages de la guérilla. Le sous-officier est aujourd'hui en tête de la triste liste de prisonniers politiques et militaires, comme Ingrid Betancourt, que les Farc n'accepteraient de relâcher que contre leurs combattants prisonniers de l'État.
C'est cet échange élargi à un dialogue de paix, «l'accord humanitaire», que le «Prof» Moncayo est parti défendre sur les routes colombiennes, chaînes au cou et