Al-Arish
envoyée spéciale
La sonnerie du téléphone déchire la nuit. «La police veut vous voir.» Plantés dans le hall d'hôtel, deux hommes en civil attendent. «Vous n'avez pas le droit de parler avec qui que ce soit, ni de vous déplacer. Raisons de sécurité !» Le ton est poli, mais sans appel. Et révélateur de la tension qui règne à Al-Arish, 100 000 habitants, chef-lieu du Nord-Sinaï, planté de palmiers et longé de sable clair en bord de Méditerranée. Ces dernières semaines, la présence de plusieurs milliers de Palestiniens, bloqués sur le sol égyptien après la fermeture du terminal de Rafah, à quelques dizaines de kilomètres de là, a plongé la ville dans un lourd climat de violence. L'attente, la soif, ont fait sourdre la colère. Entre partisans du Hamas et du Fatah, des rixes ont plusieurs fois éclaté. Et les violences s'étendent aux Egyptiens, qui ont bloqué les routes après avoir entendu que l'Etat envisageait de les exproprier de leurs terrains le long de la frontière afin de créer une zone de sécurité. La police a lourdement réprimé la manifestation, tuant un adolescent. Une mort que certains Bédouins du Nord-Sinaï promettent déjà de venger.
Torture. L'hostilité entre la population locale et l'Etat égyptien est plus que palpable. Il y a trois étés, après l'attentat de Taba, qui a marqué le début des attaques contre les stations balnéaires du Sinaï et les bases des observateurs de la MFO (1), c'est à Al-Arish que la police a débarqué. Elle a ar