On saura gré à Henri Guaino, qui écrit les discours de Nicolas Sarkozy, d'avoir au moins rouvert ses classiques. Mais les références à Césaire ou à Senghor qui émaillent le discours prononcé le 26 juillet à Dakar révèlent, à l'inverse de la rupture annoncée, une conception du continent conforme à une certaine tradition.
Imaginerait-on le président français fraîchement élu se rendre en Inde, en Chine, ou aux Etats-Unis, pour en juger l'histoire et les fautes ? Faisant sien un discours arrogant, proposant à la place d'une vision des rapports futurs de la France et de l'Afrique (lesquels auraient bien besoin d'être mis à plat) les poncifs d'une inauguration d'exposition coloniale, Nicolas Sarkozy a commis un premier faux pas. L'état déplorable de l'image de la France en son ancien «pré carré» appelait sans doute autre chose. Injonctions, hyperboles, le ton général du discours est celui d'une condescendante familiarité.
Si le «défi de l'Afrique, c'est d'apprendre», le président Sarkozy peut déployer sa leçon. Nullement étouffé par les paradoxes, il décrit la faute des colonisateurs : «Ils ont dit à vos pères ce qu'ils devaient penser, ce qu'ils devaient croire, ce qu'ils devaient faire» ; mais s'autorise à dire à la jeunesse africaine ce qu'elle doit penser, croire et faire.
Aussi commence-t-il par la rassurer, en enfonçant plus qu'à son tour des portes déjà ouvertes : «[.] L'homme africain est aussi logique et raisonnable que l'homme européen.» Mais effr