Londres
de notre correspondante
Dans une rue en plein coeur de la capitale, non loin du parlement, s'érige une barricade particulière. Là, sous une pancarte peinturlurée, deux bouledogues en pierre gardent l'entrée d'un restaurant et d'une discothèque. A leur pied, l'inscription : «Il est autorisé de fumer dans cet établissement.» A l'étage du dessous, le patron s'en grille une, accoudé à son bar. Cheveux gris en arrière, tee-shirt moulé sur un ventre généreux, David West, 63 ans, a décidé de lutter contre la loi qui bannit, depuis le 1er juillet, la tige fumante des cafés, restaurants, gares, bureaux. Sa ritournelle ? «L'interdiction est une atteinte aux droits de l'homme et aux libertés civiles.» Soucieux d'incarner une figure de proue crédible à sa campagne, l'homme a même repris la clope le jour de l'interdiction, après dix ans passés à l'air pur. Depuis, il enchaîne les 60 tiges par jour et flirte avec le négationnisme scientifique, n'hésitant pas à réfuter l'équation cancer-tabac.
Faille. Dans son restaurant, l'homme ne craint pas le débarquement de la police. Car il a trouvé une faille à la législation. A la porte, les vigiles sont chargés de repérer les inspecteurs et d'alerter les clients qui déposent alors leurs cigarettes dans les cendriers. «Qu'est qui prouve que mes clients ont fumé les cigarettes qui se consument devant eux ?» sourit-il, malicieux. «De toute façon, ajoute le sexagénaire, la police n'osera pas venir ici