Moscou
de notre correspondante
«Les Etats-Unis se comportent comme un hooligan bourré. Nous, nous attendons qu'ils dessaoulent.» Comme beaucoup d'autres experts russes, Sergueï Markov, politologue proche du Kremlin, se permet maintenant un rien d'irrévérence à l'égard de la première puissance mondiale. Ces derniers temps, Vladimir Poutine a donné le ton en Russie, en traitant les Etats-Unis de «camarade loup» prêt à dévorer les plus petits pays, ou en comparant la politique américaine à celle d'Adolf Hitler.
A la suite du président russe, journalistes et proches du Kremlin célèbrent à qui mieux mieux la fin du «gendarme du monde». Si le discours russe est tellement outré, c'est qu'il est à la mesure de la grande peur provoquée par les avancées américaines dans l'espace post-soviétique ces dernières années. La révolution orange de décembre 2004 en Ukraine, que le Kremlin considère comme téléguidée par Washington, a été un traumatisme grave à Moscou, de même que l'élection en Géorgie de Mikhaïl Saakachvili, président qui rêve d'Amérique et d'Otan. L'affaiblissement américain est avant tout perçu comme une occasion de voir cette pression occidentale s'estomper aux frontières de la Russie.
Empire romain. «Moins les Etats-Unis ont de succès dans leur folle politique d'isolement de la Russie, mieux c'est pour nous», résume Sergueï Markov, qui - comme beaucoup de proches du Kremlin - met volontiers sur le dos des Américains les difficultés de la Rus