Docteur en histoire de l'Amérique de l'université Complutense de Madrid, Carlos Malamud est actuellement chercheur du Real Instituto Elcano, le plus important organisme de recherche privée de la péninsule.
Washington s'est-il totalement désintéressé de l'Amérique Latine après le 11 Septembre comme on le dit souvent?
A cette date, les priorités des Etats-Unis ont changé radicalement. Dans le cas de l'Amérique Latine, le fait que la région soit très éloignée du terrorisme islamiste a facilité énormément cette posture de désengagement. Selon certaines sources du renseignement américain, la présence islamiste sur le sous-continent se limiterait à la région de la Triple frontière, entre l'Argentine, le Brésil et le Paraguay ainsi que sur l'île Margarita, au Venezuela.
Ce désengagement a été renforcé par la faiblesse du soutien des pays d'Amérique Latine apporté à Washington après le 11 Septembre. Le président brésilien Fernando Henrique Cardoso a bien tenté alors d'activer la solidarité latino-américaine mais la réponse de ses pairs n'a pas été à la hauteur souhaitée. La seule exception à «l'oubli» des Etats-Unis pour l'Amérique latine a été la Colombie qui reçoit tous les ans une aide financière importante pour lutter contre le trafic de drogue et la guérilla.
Washington a-t-il plus d'adversaires que jamais dans la région?
La position de Washington est politiquement plus compliquée qu'auparavant. Le fait de ne plus intervenir dans les élections et de ne pas tenter de faire élire des