Johannesburg
de notre correspondante
Qui pourrait croire qu'Adriaan Vlok, cet aimable grand-père de 70 ans, fut le très redouté «ministre de la Loi et l'Ordre» du régime d'apartheid ? Son procès doit débuter aujourd'hui à Pretoria. C'est la première fois qu'un ancien ministre aura à rendre compte de sa responsabilité dans les atrocités du passé.
Poison. Vlok est accusé d'avoir commandité la tentative de meurtre, en 1989, visant Frank Chikane, l'actuel directeur du cabinet du président Thabo Mbeki. A l'époque, Chikane présidait le Conseil sud-africain des églises et était l'un des leaders du combat contre le régime minoritaire blanc. Alors qu'il se trouvait à l'aéroport de Johannesburg, un policier a ouvert sa valise et parsemé ses sous-vêtements de paraoxon, un poison mortel. Le révérend avait été sauvé par des médecins aux Etats-Unis.
Il y a un an, Vlok avait surpris les Sud-Africains en allant demander pardon à Chikane. Tel le Christ, cet homme devenu très croyant avait lavé les pieds de son ancienne victime lors d'une rencontre privée à Pretoria. «J'ai abandonné mon sentiment de supériorité qui est à la racine du péché de l'apartheid», avait-t-il confié.
Un acte de contrition pas complètement désintéressé : déjà à l'époque, le procureur enquêtait sur l'implication de la police dans l'empoisonnement de Chikane.
La justice a décidé de poursuivre certains des auteurs de crimes politiques qui n'ont pas demandé ou obtenu l'amnistie auprès de la Commiss