Normalement, tout devrait être bouclé pour le sommet européen de Lisbonne des 18 et 19 octobre, où la présidence portugaise compte présenter le nouveau «traité simplifié», censé permettre à l'Union de mieux fonctionner. Après des négociations à l'arraché avec Varsovie, un compromis avait finalement été trouvé en juin à Bruxelles, grâce à l'obstination patiente de la chancelière allemande Angela Merkel et à l'inlassable activisme de Nicolas Sarkozy. Celui-ci pouvait clamer, en partie à raison, que «l'Europe redémarre» après la crise entraînée en 2005 par les «non» français puis néerlandais au projet de Constitution.
Frankenstein. C'est mieux que rien, mais à l'exception des médias français célébrant cette victoire diplomatique de l'hyper-président, nul parmi les 26 autres Etats membres n'exultait. Ce projet de traité reprenait bon nombre des innovations institutionnelles de la défunte Constitution, comme l'élargissement des décisions à la majorité qualifiée et la codécision pour le Parlement européen. Mais ce que beaucoup de commentateurs ont appelé «le traité Frankenstein» entérine de fait une Europe à deux vitesses, regroupant sous un même toit des pays comme la Grande-Bretagne qui veulent la réduire à un grand marché, et d'autres tentés par une intégration plus forte mais tâtonnant encore sur la route à suivre. Et surtout, le nouveau texte n'était pas définitif.
Une conférence intergouvernementale des ministres des affaires étrangères des Vingt-Sept s'est ouverte le 2