Amman correspondance
Dans le brouhaha, les enfants se succèdent pêle-mêle dans le bureau du directeur. Il n'est pas 8 heures et Mohammed Anwas a déjà reçu plus d'une dizaine d'Irakiens. «Ils étaient à peine 50 l'an dernier. On en a déjà inscrit plus de 150, et on en attend encore beaucoup d'autres dans les prochains jours.»
Exil. Pour faire face à l'afflux de nouveaux écoliers, l'école, située à l'est d'Amman - la capitale jordanienne - dans un quartier très modeste, a rouvert dans un bâtiment désaffecté aux allures de prison. Des mesures prises en un temps record. Il y a deux mois, la Jordanie, qui accueille 750 000 Irakiens pour une population totale de 5 millions d'habitants, refusait encore d'ouvrir les portes de ses écoles gouvernementales aux Irakiens n'ayant pas de permis de séjour. Mais sous la pression de la communauté internationale - du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) et de l'Unicef en particulier -, le royaume hachémite s'est résigné. Selon les chiffres de l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch, 200 000 enfants irakiens sont concernés.
Tarek est l'un d'entre eux. A 14 ans, l'adolescent effectue sa quatrième rentrée en Jordanie l'esprit tranquille : «Les années précédentes, je ne savais jamais si le chef d'établissement allait m'accepter ou pas.» Aux côtés de ses camarades jordaniens, lui n'a ni les nouvelles baskets ni le nouveau jean. Il n'a surtout pas les livres pour étudier. Faute de moyens.
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