Pékin
correspondance
Ils ont d'énormes yeux bleus sous leur képi, des épaulettes comme des petites ailes, et ils surfent à travers votre écran. On les voit aussi en moto ou en voiture pourchassant les «activités illégales» qui «polluent Internet». Ces personnages de style manga sont Jingjing et Chacha (Popo et Lilice), le couple de cyberpoliciers qui arpentent le Net chinois. Ils sont apparus au début de l'année sur les principaux portails et forums de discussion du sud du pays, et vont prendre leurs fonctions sur les sites basés à Pékin dès ce week-end. Puis dans tout le pays. La presse officielle annonce fièrement : «Internautes, la police virtuelle vous regarde.» Cette police peut aussi recueillir les délations du public. Les cyberpoliciers sont en effet interactifs et «ouverts à toute dénonciation». En cliquant dessus, on accède à des liens permettant d'avertir la police en cas de contenu pornographique, d'appel à la sécession ou tout autre «trouble à l'ordre public».
Emanation visible de la cyberpolice chinoise en fonction depuis le début des années 2000, les deux personnages illustrent bien les inquiétudes des autorités face au développement du Web chinois. Avec près de 150 millions d'internautes, un bon million de sites, et plus de soixante millions de blogs locaux, il est devenu de plus en plus difficile pour le régime de tout contrôler. Par cette présence visible, il s'agit d'encourager l'autocensure.
Téléphone