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Libération

La presse marocaine bridée à l’approche des législatives

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Le procès du directeur de «Tel Quel» illustre le raidissement du pouvoir.
publié le 3 septembre 2007 à 9h28

Casablanca envoyé spécial.

Mais à quoi joue le pouvoir marocain? Alors qu’il ne cesse de plaider pour un «approfondissement de la démocratie» et des élections législatives –prévues vendredi– exemplaires, les attaques contre la presse se multiplient. Dernière offensive en date, celle qui a vu Ahmed Benchemsi, le jeune directeur de Tel Quel (hebdomadaire en français) et de Nichane (hebdomadaire en arabe), interpellé et interrogé par la police pendant vingt heures, les 4 et 5 août. A sa sortie, Benchemsi a été inculpé pour «manquement de respect dû à la personne du roi» . Son procès, qui a débuté le 24 août devant le tribunal de première instance de Casablanca, se poursuivait vendredi. Plus qu’un procès, une mascarade gênante.

Que reproche-t-on exactement à Ahmed Benchemsi? D’avoir écrit son commentaire critique, dans Nichane, du «discours du trône» de Mohammed VI en darija, le dialecte marocain, trop familier pour apostropher Sa Majesté. Sans compter que le journaliste a osé utiliser l’expression «beni adam» (être humain) pour désigner le monarque, et «où m’emmènes-tu, mon frère?» Au tribunal, le juge a demandé à Benchemsi à quel titre il se permettait de traiter Mohammed VI de frère. Ce à quoi le journaliste a répondu malicieusement que Hassan II étant le «père» des Marocains, il considérait Mohammed VI comme son frère.

Grotesque. Le procès est d’autant plus absurde que Benchemsi a commis des écrits beaucoup plus critiques en français. La prochaine audience a été fixée au 7 nove