Depuis le 10 juin, la Belgique est sans gouvernement. Les négociations politiques butent sur des divergences fondamentales entre Flamands et Wallons concernant l’avenir des institutions fédérales. Jean-Claude Scholsem, professeur de droit constitutionnel à l’université de Liège explique les raisons de la crise et de la paralysie belge.
Le roi a employé le mot de «crise» après la démission d'Yves Leterme, partagez-vous ce ton de gravité?
Oui, tous les Belges partagent ce sentiment. Je crois que le Palais a employé le mot «crise» pour souligner le sérieux de la situation mais si l'on regarde l'histoire de la Belgique, depuis ce que nous appelons la communautarisation dans les années 1970, nous avons vécu de très nombreuses crises à caractère communautaire et certaines ont été aussi tendues et aussi vives que celle-ci. Donc, oui, il y a une inquiétude, mais quand on replace cela dans une perspective historique, on constate que ces crises sont en quelque sorte congénitale au développement de la Belgique.
Estimez-vous que le «vouloir vivre ensemble» entre Flamands et Wallons est menacé ?
Je ne le crois pas réellement. En fait, les deux parties ont des profils psychologiques extraordinairement différents. Les Flamands sont revendicatifs, ils veulent plus d'autonomie et les Francophones sont dans une sale situation psychologique parce qu'au fond, c'est eux qui ont créé l'Etat belge en 1830. Ils sont dans une sorte de veuvage, ils ne voient