Berlin
de notre correspondante
Les architectes ne disposaient que de trois vieilles photos en noir et blanc lorsqu'ils se sont attelés à la restauration de la plus grande synagogue de l'Allemagne d'avant Hitler, dans la Rykestrasse à Berlin-Est.
Lors du pogrom de la Nuit de cristal, le 9 novembre 1938, le rabbin et les membres de la communauté sont arrêtés et déportés au camp de Sachsenhausen. L'intérieur du bâtiment est totalement dévasté, les rouleaux de la Torah détruits. Si la carcasse de briques sobre et lumineuse est épargnée, c'est grâce aux immeubles d'habitation voisins. Les nazis craignent, s'ils y mettent le feu, de provoquer la mort d'aryens. De synagogue, le bâtiment est transformé en écurie, puis en entrepôt. Après la guerre quelques centaines de survivants s'y retrouvent pour la prière, malgré l'hostilité du régime communiste.
«Confiance». «C'est un miracle qu'il y ait de nouveau des Juifs en Allemagne, et la synagogue de la Rykestrasse est le symbole de ce miracle», rappelait le rabbin Leo Trepp, très ému, le week-end dernier. Agé de 94 ans, Leo Trepp avait effectué sa formation dans cette synagogue au milieu des années 30. Déporté à Sachsenhausen, il était parvenu à fuir l'Allemagne nazie. «Nous avons de nouveau confiance en l'avenir de la communauté juive d'Allemagne, ajoute le directeur du centre de formation, le rabbin Yehuda Teichtal. Nous sommes de nouveau là, et nous en sommes fiers.» Pour nombre de Juifs d'Allemagne, la