Casablanca
envoyée spéciale
«La gestion des islamistes par Mohammed VI, c'est du cousu main. En dépit des efforts pour éradiquer les bidonvilles, il sait que le désespoir généré par la misère ne disparaîtra pas à court terme. Alors il travaille dans quatre autres domaines : la religion, l'intégration des modérés au système, les lois. et la contrainte», résume un proche du Palais. «Commandeur des croyants», le roi tente avant tout de moderniser le champ religieux et de saper l'argumentaire servant de base aux terroristes en montrant qu'il n'a aucun fondement religieux.
Effet boomerang. Un an après son intronisation, les mosquées ont commencé à alphabétiser la population dans les zones les plus pauvres. Succès immédiat, surtout auprès des femmes. Mais l'effet boomerang n'est pas exclu, les islamistes pouvant capitaliser le bas niveau d'instruction acquise pour endoctriner à coup de tracts simplistes. Reste qu'en ces temps d'extrémisme religieux, le manuel du ministère des Affaires islamiques inculque tolérance, citoyenneté et leçons sur la Constitution en des lieux jouissant d'un vrai capital de sympathie.
Autre exemple : la nomination en 2006 de cinquante prédicatrices, les morchidate (conseillères). Même si aucun texte n'interdit expressément que des femmes soient imams, le problème a failli mettre le feu aux poudres. Un comité présidé par le roi a alors tranché, assurant que «les femmes n'étaient pas habilitées à diriger la prière». Cette r