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Libération

La démocratie marocaine fragilisée par l'abstention

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publié le 10 septembre 2007 à 9h34

C'est l'élection de tous les perdants. La démocratie, les islamistes, les socialistes. Une vraie hécatombe. On ne sait par où commencer tant les législatives marocaines de vendredi ont multiplié les enseignements négatifs.

Commençons par le taux de participation, la principale information du scrutin : avec 37 %, il est le plus bas enregistré dans l'histoire électorale du pays. Une mauvaise nouvelle pour le pouvoir, en particulier pour le roi Mohammed VI, qui avait appelé, dans son discours du Trône du 30 juillet, les Marocains à participer massivement et à ne pas laisser les partis acheter leurs voix. La chute est d'autant plus significative qu'une grande campagne de mise à jour des listes électorales avait entraîné l'inscription de près d'un million et demi d'électeurs en plus. Entre 2002 et 2007, plus d'un million de Marocains en moins ont voté.

«Honnêtes». Paradoxalement, comme le note ironiquement Ahmed Benchemsi, le directeur des hebdos TelQuel et Nichane, cette abstention record «prouve que les élections ont été honnêtes et transparentes. Une fois éliminés l'achat de voix et les réseaux clientélistes, les électeurs n'ont aucun intérêt à aller voter. C'est une faillite globale».

Si la démocratie formelle a progressé, la politisation, elle, a régressé. Les principales victimes de cette défiance sont les islamistes modérés du Parti pour la justice et le développement (PJD). Présentés comme les grands vainqueurs par anticipation, ils n'ont remporté