Péloponnèse
envoyée spéciale
Elle s'appelait Athanassia. Et en Grèce tout le monde connaît son histoire : celle d'une jeune mère de 37 ans, retrouvée morte brûlée avec ses quatre enfants. Mère martyre devenue femme symbole d'une tragédie nationale qui a bouleversé le pays.
C'était le 24 août dans l'ouest du Péloponnèse, la région qui a payé le plus lourd tribut en vies humaines lors des incendies qui ont dévasté la Grèce cet été. «Elle a vu le feu arriver sur le village, alors elle a pris la fuite avec les enfants. Mais, sur la route, ils ont été encerclés par les flammes. Ils sont tous morts. Le petit dernier, Constantin, n'avait que 5 ans.»
Rage. Spilios Chartos évite de montrer son émotion quand il évoque le sort terrible de sa soeur. Reste cette rage qui jaillit dès qu'on évoque les élections de dimanche : «Voter ? Pour qui ? En Grèce, tout le système politique est pourri. On est morts tout seuls comme des chiens. Pas un seul ministre n'a démissionné après les incendies. Nos gouvernants sont des irresponsables. Des clowns !» jure-t-il en serrant les dents.
A ses côtés, un groupe d'hommes acquiesce en murmurant. Ils traînent devant les ruines du Ari Bar, sur la place d'Artemida, un hameau accroché au flanc d'une montagne, à seulement 15 km de la côte. Dans la seule journée du 24 août, 27 personnes y sont mortes brûlées vives. «Nous avions connu les feux de forêt dans le passé. Mais là, c'était une bombe au napalm», confie un habitant en dés