Pékin
de notre correspondante
«Plus vite vous déménagerez, mieux vous serez indemnisés», promettent des affiches, sur les murs de la rue du Bonheur, à Pékin. Les derniers doivent décamper avant le 19 septembre. La plupart des maisons sont condamnées, certaines sont déjà à l'état de gravats. Dans quelques semaines, sans doute avant le XVII e congrès du PCC prévu le 15 octobre à Pékin, «le village des plaignants» devrait avoir disparu .
«Ils veulent faire des espaces verts», explique Wang Zhiqin, tenancier d'un dortoir, une pièce où s'entassent une quinzaine de personnes. Wang s'attend à «déménager», comme les autres marchands de sommeil de la rue du Bonheur. En attendant, il continue de grappiller les fonds de poche des derniers clients. Un vieil homme tend sa carte d'identité de ses doigts tremblants. Monsieur Li a 80 ans et attend depuis vingt ans d'être indemnisé pour la mort de son fils. Depuis, il hante la rue du Bonheur.
Cauchemar. Officiellement, le quartier doit sa rénovation à la construction de la nouvelle gare du sud de Pékin. En réalité, c'est un point noir sur la carte de la capitale que les autorités veulent effacer. A quelques kilomètres de la Cité interdite, ce village des plaignants est leur cauchemar. Il a poussé comme un ghetto à Fengtai, quartier pauvre de la capitale, tout autour du «Bureau des lettres et des visites», ou office des plaintes de la Cour suprême de Pékin, le dernier recours du citoyen chinois. C'est là q