Il a fallu qu'éclate le scandale Blackwater cette semaine en Irak pour que le grand public américain apprenne que les deux hommes les plus puissants d'Irak, l'ambassadeur Ryan Crocker et le général David Petraeus, avaient confié leur sécurité au jour le jour à une société privée plutôt qu'à leur armée. Les Irakiens, eux, connaissent depuis déjà quatre ans ces chiens de guerre aux lunettes noires sillonnant Bagdad dans leurs véhicules blindés, pointant leurs mitrailleuses sur tout ce qui bouge et jetant des grenades assourdissantes sur les automobilistes qui ne s'écartent pas assez vite. Le millier de mercenaires de Blackwater en Irak dispose même d'hélicoptères, qu'il leur arrive de faire plonger en piqué pour effrayer les badauds.
Blackwater est l'une des nombreuses sociétés étrangères employant des «PMC» (Private military contractors) - des «Mossad» comme les appellent les Irakiens - dont le nombre est estimé entre 30 000 et 50 000. Au sein de cette armée disparate, qui va du «prolétariat» (Péruviens, Colombiens, Népalais, etc.) au «nec plus ultra» (Américains, Français, Anglais, payés de 500 à 1000 dollars par jour) en passant par les habituels mercenaires d'Afrique du Sud, des Balkans ou d'Europe de l'Est, Blackwater fait figure de troupe d'élite. D'ailleurs, la société a été fondée en 1997 par Erik Prince, un ancien des Navy Seals, les commandos de marine américains.
Vaisselle. Prince est un riche héritier, «born-again christian» comme George