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Libération

L'armée des bonzes rouges se lève contre la dictature birmane

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par Max CONSTANT
publié le 24 septembre 2007 à 9h46

Rangoun (Birmanie)

de notre envoyé spécial

Les pluies de la mousson humide, qui s'abattent sans discontinuer depuis plusieurs jours sur Rangoun, ne les effraient pas. Marchant dans les rues inondées, le regard déterminé, certains brandissant des drapeaux, les bonzes de Birmanie, qui manifestent quotidiennement contre le régime militaire depuis mardi, donnent l'impression d'être parfaitement organisés. Parfois, en tête de cortège, un des moines bouddhistes porte un bol à aumônes renversé. C'est le symbole du boycott. Les bonzes refusent les offrandes des militaires et de leurs familles, tant que les hauts dirigeants du régime ne se seront pas excusés pour les violences commises contre certains des leurs début septembre.

Surprise. La première manifestation, le 18 septembre, avait rassemblé 400 de ces religieux revêtus de leur robe rouge. Hier, ils étaient 10 000 à traverser Rangoun, accompagnés d'un nombre égal de laïcs venus les encourager. Du jamais vu depuis les grandes manifestations antimilitaires de 1988, lesquelles avaient renversé le régime du dictateur Ne Win. Un coup d'Etat le 18 septembre de cette année-là, accompagné d'une féroce répression (3 000 morts), avait réinstallé une junte à la tête du pays.

Les manifestations contre le régime avaient été lancées à la mi-août par un groupe d'anciens étudiants qui avaient été impliqués dans la révolte de 1988 : ils dénonçaient la hausse brutale du prix du carburant, qui a rendu les transports collectifs inaccessib