Bangkok
de notre correspondant
Coordinatrice d'Altsean, une organisation qui tente de faire adopter aux pays de l'Asean une attitude plus critique vis-à-vis de la Birmanie, Debbie Stothard considère qu'un dérapage sanglant dans le pays dirigé par Than Shwe déstabiliserait toute l'Asie du Sud-Est.
Comment expliquer cet activisme politique de la part des bonzes ?
Hstoriquement, les moines bouddhistes ont toujours eu une responsabilité morale de guider le roi de Birmanie pour améliorer le bien-être de la population. Le rôle de la sangha (la communauté monastique, ndlr) est similaire à celui de l'Eglise catholique dans les temps médiévaux. C'est un rôle politique.
Comment expliquez l'attitude plutôt passive de la junte birmane face aux manifestations ?
Quand les militaires ont commencé à arrêter les leaders civils des manifestations en août, ils pensaient que le mouvement de protestation allait s'éteindre de lui-même. Mais début septembre, l'armée a tiré des coups de semonces contre des moines dans la ville de Pakkoku. Cela a donné une raison aux bonzes de se mobiliser très fortement et très rapidement. La junte ne s'attendait pas à une mobilisation aussi rapide de leur part.
Très vite, le mouvement est devenu politique : ce sont les bonzes qui ont décidé d'aller à la résidence d'Aung San Suu Kyi (la dirigeante de l'opposition, prix Nobel de la paix en 1991 et assignée à résidence depuis quatre ans, ndlr).
Comment réagissent les militaires du rang face à cette situat