New Delhi
de notre correspondant
Présenté par le Premier ministre indien, Manmohan Singh, comme l'une des plus grandes réussites de son mandat, l'accord de coopération sur le nucléaire civil, signé fin juillet avec les Etats-Unis, pourrait paradoxalement coûter la vie à son gouvernement. Alors qu'il venait de finaliser les termes de ce texte historique, conclu après deux ans d'âpres négociations avec Washington, le gouvernement dirigé par le Parti du Congrès est en effet confronté à un nouvel obstacle : ses alliés communistes. Farouchement antiaméricaine, l'extrême gauche indienne voit dans cet accord bilatéral une atteinte à la souveraineté nationale, susceptible de faire de l'Inde un subordonné de l'hégémonie américaine. Or le Parti du Congrès, qui dirige la coalition gouvernementale, ne peut se maintenir au pouvoir sans le soutien externe des communistes.
La crise est telle que Manmohan Singh, d'ordinaire très réservé, est sorti de ses gonds le mois dernier en mettant ses alliés au défi de faire chuter son gouvernement. Au final, il a été obligé de céder en créant un comité multipartite chargé d'examiner les «conséquences» de l'accord sur la politique extérieure indienne.
Non-alignés. Au-delà de la crise politique interne, c'est le repositionnement géopolitique de l'Inde sur la scène internationale qui est en jeu. Ancien leader des non-alignés mais proche de Moscou pendant la guerre froide, New Delhi a procédé ces dernières années à un rapprochement stratégique