Bangkok
envoyée spéciale
Le patron de la petite agence de voyages spécialiste de la Birmanie n'a pu obtenir que quatre visas hier, contre vingt-cinq habituellement. L'un pour un Chinois ressortissant d'un pays «ami», les autres pour un Espagnol, un Norvégien et un Suisse. Deux nationalités neutres au goût du consulat birman. Les Français, eux, ont un président trop bavard. La fermeté de Nicolas Sarkozy contre la junte vaut donc aux faux touristes en short, tous journalistes en réalité, d'être empêchés de travailler. Le patron, pas dupe, est surtout inquiet : «C'est un début. Rangoun est en train de tout fermer, ça va être terrible», explique-t-il en fermant le poing. L'oeil rivé sur l'écran de son ordinateur, il piste les messages codés que sa soeur envoie par Internet depuis Rangoun. Les pila (le jaune des robes des moines) sont revenus dans la rue ce matin, ainsi que les militaires. L'agent de voyage soupire en scrutant les vidéos et des photos diffusées presque en direct des manifestations sur le site Irrawaddy News. «Tant qu'on sait ce qui se passe, on peut être rassurés.»
Cybercafés. Sunai Phasuk, Birman et représentant à Bangkok de l'ONG Human Rights Watch, redoute un black-out total. Déjà, les portables ne passent plus et Internet a des ratés. Sur place, ses informateurs ont signalé la fermeture des cybercafés et l'arrêt de certains réseaux de téléphones mobiles. D'autres observateurs, cités par la presse interna