Rangoun
envoyé spécial
Pieds nus, une vingtaine de moines traversent la rue Bogyoke Aung San en pataugeant dans des flaques d'eau. Vêtus de leurs robes rouges caractéristiques, ils montent à bord d'un vieux bus jaune pour regagner leur sanctuaire, après avoir reçu les offrandes des fidèles. Ces bonzes peuvent encore arpenter les rues de Rangoun. Mais ailleurs, dans la cité, la majorité des moines ne sortent plus. Les portails des petites pagodes à la périphérie de la ville ne sont pas cadenassés. Les militaires n'encerclent pas non plus les monastères. Mais les religieux sont restés invisibles, signe que les leaders du soulèvement ont été arrêtés ou emmenés de force loin des manifestations. C'est ce qu'ont rapporté plusieurs témoins qui ont assisté à des arrestations ces derniers jours.
Hier, Rangoun avait retrouvé sa tranquillité. Les marchés des quartiers à majorité musulmane étaient très fréquentés en ce mois de ramadan. Les taxis et les bus circulaient normalement. Les chauffeurs peinaient à se frayer un chemin dans la cohue des rues non goudronnées, défoncées par les pluies de la mousson. Des convois d'une dizaine de camions militaires passaient et repassaient, à vitesse lente, sur les grandes avenues.
Réveiller. Sans grande conviction, les soldats tenaient en joue des cibles imaginaires sur les trottoirs. Aucun manifestant. Les policiers attendaient aux carrefours des grands axes. Ou, appuyés sur le canon de leur fusil, certains piquaient du nez jusqu'à ce q