Mae Sot (Thaïlande)
envoyée spéciale
Tout ce qu'il possède tient dans le petit sac à dos bouclé en vitesse le 26 septembre à Sittwe, petite ville de Birmanie sur le golfe du Bengale. Quand les militaires ont commencé à pourchasser les manifestants, Khine Thura, étudiant en droit de 24 ans, a décidé de s'enfuir sans même passer voir ses parents, des commerçants effrayés par le soulèvement : «Je savais que j'étais repéré, comme beaucoup d'étudiants. J'ai réfléchi : si j'étais arrêté, ce qui allait forcément arriver, je deviendrais un prisonnier politique de plus et je ne servirais plus à rien. Alors je suis parti.» Après avoir parcouru 1 000 kilomètres en trois jours, en bateau, en bus, en stop, à pied parfois, il a touché la rive de la rivière Moei. Sortir du pays a été facile. La frontière est une passoire qu'on franchit à la nage sur des pneus de tracteur pour quelques kyats ou en marchant tout simplement sur le pont de l'Amitié, bondé dans la journée et fermé la nuit. Les Birmans, autorisés à passer vingt-quatre heures en Thaïlande, font leurs affaires, chargés de paquets. De l'autre côté, c'est Mae Sot. Dans cet immense bazar débordant de camelote chinoise, des tour-opérateurs clandestins proposent des excursions éclairs dans la dictature. Khine Thura n'a eu qu'à alpaguer un passant pour trouver un lit. Ici, un habitant sur quatre parle le birman.
Echoppes. Personne ne sait combien de dizaines de milliers de migrants, activistes politiques ou réfugiés m