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Libération
Reportage

Dans le nord du Pakistan règnent les talibans

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La répression des islamistes par l'armée est de plus en plus impopulaire.
publié le 6 octobre 2007 à 0h35

Peshawar

envoyée spéciale

Trois soldats décapités ont été retrouvés jeudi au bord d'une route dans la zone tribale du Sud-Waziristan, avec une lettre : «Nous allons tuer d'autres soldats si l'armée continue à harceler les habitants.» Depuis fin août, le commandant taliban Beatullah Mehsud, qui contrôle cette région, a kidnappé 260 soldats pakistanais, qui se sont rendus sans résister.

A Peshawar, les militaires ont désormais pour ordre de ne plus sortir en uniforme dans la ville. Un soldat, qui a servi au Waziristan plusieurs années, explique la démoralisation qui frappe les troupes : «Nombre d'officiers sont passés en cour martiale car ils refusaient de tirer sur leurs propres concitoyens. Moi-même, j'ai laissé des talibans s'échapper. Ce sont des musulmans, ce sont nos frères.» Il conclut : «Nous sommes les alliés de Bush, mais cela ne vient pas du fond du coeur. Cette guerre n'est pas la nôtre.»

«Burqa». Sous la pression américaine, l'armée pakistanaise a mené une guerre dans les zones tribales jusqu'en 2006, pour détruire les sanctuaires d'Al-Qaeda et des talibans dans ces régions frontalières de l'Afghanistan. Résultat : la population locale s'est retournée contre l'armée, et les militants islamistes ont pris le pouvoir, massacrant les chefs traditionnels. La violence a ressurgi cet été au Waziristan après l'épisode sanglant de la Mosquée rouge, un bastion islamiste anéanti par l'armée au coeur de la capitale, Islamabad. Sans compter les n