Duisbourg (Allemagne)
envoyée spéciale
Sur la carte, une soixantaine de kilomètres seulement séparent Duisbourg (Rhénanie du Nord-Westphalie) de Cologne. Mais dès qu'on aborde la question de l'islam, c'est une barrière invisible qui semble s'élever entre les deux villes. A Cologne, les musulmans se battent depuis des années pour obtenir la construction d'une mosquée, bloquée notamment par l'opposition du parti chrétien-démocrate. Pour les musulmans de Duisbourg, les choses sont allées plus vite : ils fêteront le prochain ramadan dans la plus grande mosquée d'Allemagne (l'édifice doit ouvrir au printemps) avec un minaret de 34 mètres, presque aussi haut que le clocher de l'église catholique voisine. Aucune voix ne s'est sérieusement élevée pour s'opposer au projet.
La construction d'une mosquée à Marxloh n'allait pourtant pas de soi. Ce quartier ouvrier de Duisbourg, né autour des usines Krupp et Thyssen, a subi des transformations radicales avec l'arrivée massive dans les années du miracle économique des Gastarbeiter, ces ouvriers invités comme on appelait alors pudiquement les immigrés. «Pour prier, ils se réunissaient dans les caves», se souvient Zülfiye Kaykin, fille d'immigrés et gérante de l'association en charge des activités culturelles et sociales de la mosquée.
«Symbole fort». Aujourd'hui, 60 % de la population de Marxloh est issue de l'immigration. Environ 8 000 des 18 000 habitants du quartier sont turcs. Les usines ont fermé. Parmi la popu