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Libération

L'ubuesque économie birmane

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Le marché noir règne en maître dans un système absurde contrôlé par la junte.
publié le 10 octobre 2007 à 0h40

Bangkok

de notre correspondant

Derrière son comptoir en bois vernis, le directeur de la petite agence de voyage examine scrupuleusement le billet de 50 dollars qui vient de lui être remis pour être échangé contre de la monnaie locale. Après quelques minutes, il rend la coupure. «Non, désolé, je ne peux pas le prendre, il est un peu usagé», dit-il avec un sourire contrit. Une tache minuscule, une déchirure microscopique sur un billet vert peut entraîner une variation considérable de taux de change dans ce pays où l'économie est dirigée depuis quarante-cinq ans par des généraux peu au fait des lois du marché. «En Birmanie, on ne peut pas prévoir l'économie par les lois de l'offre et de la demande. Le fonctionnement échappe à toute rationalité», explique Wah Tin, une employée.

Bizarreries. Dans un passé récent, des billets de 45 et 90 kyats - la monnaie locale - étaient en circulation, pour la simple raison que le 9 était le chiffre fétiche du numéro un du régime Ne Win. La Birmanie a finalement rejoint le système décimal, mais bien des bizarreries subsistent dans le fonctionnement de l'économie. Le taux de change officiel du kyat est pratiquement inchangé depuis 1975 (un dollar vaut officiellement environ 5,2 kyats). Ce taux ne sert toutefois que pour la comptabilité gouvernementale. Ce qui explique pourquoi les diplomates occidentaux ont baptisé l'annuaire des statistiques gouvernementales «le livre des mythes et des légendes».

Deux autres taux