Buenos Aires
de notre correspondant
Pendant les trois mois du procès de Cristian Von Wernich, le «curé diabolique de la dictature», les témoignages de ses victimes ont bouleversé les catholiques argentins. «Imaginez, en prison, dans ces moments de terreur et de douleur, ce que peut représenter de voir arriver un prêtre ? C'est comme si Dieu en personne venait vous tendre la main quand, en fait, c'est le diable qui est là», raconte ainsi Julio Miralles, enlevé en juin 1977 avec son frère, son père et sa mère, tous torturés puis finalement libérés quatorze mois plus tard par les forces armées argentines prétextant une «erreur».
Dans la salle du tribunal, le public retient son souffle tandis que le curé en civil, abrité derrière une vitre blindée, prend des notes. Impassible. Cristian Von Wernich, 69 ans, ne s'exprimera finalement qu'à quelques heures de la sentence qui le condamne à la prison à perpétuité. Pour accuser ses victimes de faux témoignages. Un argument fréquemment utilisé par les policiers et militaires accusés de crimes contre l'humanité pendant la dictature pour exiger la fin de leurs procès.
«Complicité». Dans un jugement sans précédent, la justice argentine a condamné à la prison à vie Von Wernich, l'ex-aumônier de la police de la province de Buenos Aires, coupable de 7 assassinats, 31 cas de torture et 42 enlèvements. C'est la première fois qu'un responsable de l'Eglise catholique argentine est jugé et condamné «dans le cadre du