Nairobi
de notre correspondante
Dans l'immense cour au parterre fleuri et à la pelouse un peu jaunie, des centaines de détenus, tous affublés de pantalons et chemises blancs à rayures verticales noires, écoutent une musique tonitruante qui s'échappe des baffles installés sur une estrade au milieu d'un chemin en terre. Le temps d'une célébration religieuse, les blocs A, B et C de la prison haute sécurité de Naivasha, située à 150 km au nord-ouest de Nairobi, sont vidés de leurs occupants. Ils passeront toute la journée à l'air libre pour écouter le prêche exubérant du pasteur. Dans la bibliothèque aux murs grisâtres, une vingtaine de détenus préfèrent rester plongés dans leurs livres d'étude. Certains suivent des cours de primaire, d'autres de secondaire et une poignée a décroché un diplôme d'enseignement supérieur.
Educations. La prison de Naivasha, construite à la fin des années 60, se veut la vitrine des réformes engagées par le gouvernement kényan depuis l'arrivée au pouvoir de Mwai Kibaki en 2002, pour «humaniser» ses geôles. Une prison «modèle» que les autorités pénitentiaires encouragent les journalistes à visiter. Sous l'ère de l'ancien président Daniel Arap Moi, les prisons avaient acquis l'une des plus sombres réputations du continent africain.
Les organisations de droits de l'homme ainsi que l'ONU faisaient état de cas de torture, de mauvais traitements infligés par les gardiens et surtout de conditions d'hygiène et de santé déplorables. Pour l'année 19