Faut-il boycotter la Birmanie ? Alors que la répression se poursuit en silence, poser la question déchire la communauté internationale, institutions, ONG comme universitaires. L'Organisation internationale du travail (OIT) peut en témoigner. «On est allé aussi loin que possible, comme jamais dans notre histoire, résume Kari Tapiola, l'un des directeurs exécutifs de l'OIT, appelant depuis 2000 Etats comme entreprises à réexaminer leurs relations avec la Birmanie.»
Mais jusqu'à présent, et avant une prochaine délibération en novembre, les Etats et les entreprises membres de cette organisation tripartite sont divisées pour pousser plus loin. L'OIT a toujours un représentant à Rangoun, qui instruit les dossiers sur les cas, légion, de plaintes liées au travail forcé. Mais comment faire plier un Etat souverain et dictatorial ? De l'Inde (où Gandhi lança en 1930 un boycott sur les impôts liés au sel) aux Etats-Unis (où Martin Luther King initia le boycott des bus en 1955 contre la discrimination raciale), en passant par l'Afrique du Sud (la prohibition de tout commerce fut l'une des raisons de la chute de l'apartheid), des exemples de l'impact du boycott ne manquent pas. «Le problème , assure Frédéric Debomy, d'Info-Birmanie, qui milite pour des sanctions dures, c'est que même l'Union européenne n'est pas cohérente : des pays comme l'Allemagne ont toujours milité jusque-là pour un engagement constructif plutôt qu'un renforcement de l'arsenal de sanctions.»<