Ceuta (Espagne)
de notre envoyé spécial
Sur un flanc de colline, à un jet de pierre du Maroc, le quartier de Principe à Ceuta, enclave espagnole du nord de l'Afrique, ressemble aux villages voisins du royaume chérifien. Dans cette zone sans le moindre espace vert ni la plus petite aire de jeux, s'entassent 15 000 personnes, tous musulmans, à l'exception de trois franciscains et d'un postier à la retraite. Des paysannes marocaines vendent des fruits et légumes sur un bout de trottoir ; les cafés débordent de retraités jouant au parchis (sorte de jeu de l'oie espagnol) ; au milieu d'embouteillages permanents, des trafiquants de haschich vendent avec peine leur marchandise. La nuit, il est fréquent que des adolescents mettent le feu à des containers et lancent des pierres à des policiers. Le jour, le Principe est un quartier paisible mais à la réputation de coupe-gorge, dit-on dans le centre-ville de Ceuta, depuis qu'en décembre 2006, sur ordre du célèbre juge madrilène Baltasar Garzón, une descente de police a permis d'arrêter onze membres présumés d'une cellule islamiste.
Dans le local d'une association de quartier, Ahmed se défend : «Les flics se sont trompés. Les mecs arrêtés n'étaient que des grandes gueules qui avaient eu le malheur d'acheter des vidéos intégristes au Maroc». Il n'empêche. Depuis ce coup de filet, le Principe est devenu le symbole du péril islamiste qui planerait sur ce confetti espagnol de 8,5 km2 coincé sur la côte afric