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Libération

Bhutto accueillie par un carnage

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publié le 19 octobre 2007 à 0h54

En 1986, un million de personnes attendaient la jeune Benazir Bhutto pour l'acclamer à sa descente d'avion, à Lahore. Elle rentrait, après deux ans d'exil à Londres, pour «restaurer la démocratie», dans un Pakistan assujetti au général Zia Ul Haq, le dictateur qui avait fait pendre son père, Zulfiqar Ali Bhutto. La même scène s'est répétée hier quand elle est arrivée à Karachi, la larme à l'oeil en promettant de se battre «contre la dictature», sous les cris de joie de plus de 250 000 partisans. Mais la sauveuse autoproclamée du pays atterrissait cette fois-ci dans le Pakistan de Musharraf. Sur fond de menaces.

Hier soir, deux bombes ont explosé au passage de son convoi, faisant au moins 89 morts et 151 blessés. Benazir Bhutto s'en est sortie saine et sauve. Mais cet accueil en dit long sur ce qui l'attend.

En exil depuis huit ans à Dubaï pour échapper à des accusations de corruption, Benazir Bhutto n'avait cessé de dénoncer le «dictateur militaire» du coup d'Etat de 1999. Quant à Musharraf, il avait juré que, lui vivant, la politicienne «qui a volé l'argent du peuple» ne rentrerait jamais au pays. Les deux se retrouvent aujourd'hui, forcés de s'entendre, sur ordre de Washington, qui a imposé le come-back de l'égérie au voile blanc. Car les Américains rêvent d'un attelage prétendument salvateur pour le Pakistan, englué dans l'islamisme et les dérives d'un régime militaire contesté : Musharraf en président civil, avec Benazir Bhutto, la femme modern