«Presque toutes les nuits, des missiles et des roquettes pleuvaient sur notre camp. On se cachait dans les tranchées. Heureusement, les tirs n'étaient pas très précis», raconte Hassan, jeune homme fluet de 20 ans, engagé récemment dans les Frontier Corps (FC), les troupes paramilitaires. Ces derniers mois, Hassan a été posté dans un fort de Mir Ali, au coeur de la zone tribale du Waziristan, sanctuaire des talibans et d'Al-Qaeda, à la frontière de l'Afghanistan.
Tourmente. Créés à l'époque des Britanniques, les FC sont des milices pachtounes chargées de protéger la région frontalière, où l'armée pakistanaise n'avait historiquement pas le droit d'entrer. Jusqu'à ce qu'en 2004, à la demande des Américains, elle s'y déploie massivement pour lutter contre les combattants islamistes réfugiés dans ces zones. Hassan s'est retrouvé au coeur de la tourmente.
Les talibans locaux ont maintenant pris le pouvoir. Ces derniers mois, la violence a redoublé, après que l'armée a rompu un accord de paix avec les islamistes armés en réinstallant des check-points sur les routes. Alors, à la fin des vacances de l'Aïd qu'il a célébrées en famille, Hassan est resté chez son père, dans son village près de Peshawar. «Hors de question d'y retourner», murmure le jeune homme. «Nous sommes une dizaine de garçons du même village à avoir déserté. Un seul est resté !»
La famille de Hassan s'est aussi inquiétée devant les vidéos, diffusées par les insurgés, de soldats capturés et égorgés.