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Libération

Changement de position sur le trône d'Espagne

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publié le 27 octobre 2007 à 1h07

Depuis la mort du général Franco, l'Espagne était une monarchie sans cour, sans favoris, sans bouffons, et les Espagnols vivaient heureux. Tout a changé cet été. La revue satirique El Jueves a publié en couverture une caricature où l'on voit le prince héritier, Don Felipe de Borbón, parler à son épouse, l'ex-journaliste Letizia Ortiz, tout en la possédant dans la position que les anciens appelaient «more ferarum». Le commentaire, une allusion au versement d'une allocation pour chaque naissance dans la famille, était aussi peu drôle que le dessin qui, néanmoins, déclencha des foudres.

Accouplement. La revue a été interdite pour atteinte à l'honneur de la couronne, mais, réaction étrange, la plupart de mes compatriotes ont trouvé moins dégradante l'insulte à un prince qui mendie les deniers publics que cette position d'accouplement à la manière animale, pratiquée par des millions de plébéiens, aussi bien hétérosexuels que gays, avec le plus grand des plaisirs et sans la moindre humiliation.

La caricature s'est évaporée avec l'automne, mais le zèle judiciaire à poursuivre ce qui relevait davantage de la plaisanterie de mauvais goût que du délit de lèse-majesté a déclenché une minivague de bûchers antimonarchistes. En Catalogne, des douzaines de jeunes indépendantistes ont brûlé des photos de Don Juan Carlos, parvenant même à mettre le feu à dix portraits de Bourbons espagnols, à commencer par celui de Philippe V d'Anjou, le premier de cette dyna