«Péroniste» : ainsi se présente dimanche à l'élection présidentielle argentine, avec toutes les chances de la remporter, Cristina Fernandez, l'épouse du chef de l'Etat sortant, Néstor Kirchner. Péroniste, une allusion à Juan Domingo Perón, qui a gouverné le pays entre 1945 et 1955 - puis, quelques mois avant sa mort en 1973. Juan Manuel Palacio, directeur du Centre d'études latino-américaines de l'université San Martin de Buenos Aires, explique pourquoi le «péronisme» est toujours politiquement revendiqué.
Que représente Perón pour les Argentins aujourd'hui ?
C'est une sorte de mythe nationaliste, mais, à l'époque, après la crise économique mondiale qui suit le krach de 1929, Perón n'est que l'expression d'un mouvement de fond que l'on retrouve dans d'autres pays, comme le Mexique et le Brésil. Dans ces pays-là aussi, la crise des années 30 provoque alors l'arrivée au pouvoir de «populistes» qui, en résumé, imposent un Etat interventionniste, lequel doit se mettre au service des secteurs les plus défavorisés. Le phénomène est même mondial, il touche aussi les Etats-Unis avec le New Deal de Roosevelt. Après son élection, en 1945, Perón défend un modèle qui incorpore la classe ouvrière au système. Pas seulement symboliquement : il généralise de nouveaux droits, à l'éducation, à la santé, il instaure les congés payés. Avec son épouse, Eva Perón, il donne le droit de vote aux femmes. Il tient un discours anticapitaliste, mais sans attaquer systématiquement les élites économiques d