Le regard inquiet, les traits tirés, Nandakumar attend depuis plus d'une heure devant la petite échoppe téléphonique. «Nous sommes arrivés il y a trois jours, explique le jeune homme en désignant sa mère, des fleurs de jasmin dans les cheveux. Mais mon père n'a pas voulu venir, il voulait garder la maison. On essaye désespérément de le joindre pour lui dire qu'on est sains et saufs.» Originaire de Mannar, dans le nord du Sri Lanka, Nandakumar vient de fuir les violences qui ensanglantent à nouveau son pays pour se réfugier au Tamil Nadu, à la pointe sud de l'Inde.
Sur cette côte battue par le vent, le flux de réfugiés est ininterrompu depuis la reprise des affrontements, l'an dernier, entre Colombo et les Tigres de libération de l'Eelam Tamoul (LTTE), le mouvement séparatiste qui lutte depuis trois décennies pour l'indépendance des régions nord-est de l'île, majoritairement tamoules. Au moins 5 400 personnes ont été tuées et des dizaines de milliers d'autres déplacées. Plus de 20 000 ont ainsi pris la route du Tamil Nadu, à seulement deux heures de bateau, et où l'on parle le tamoul, comme chez eux.
Vagues successives. «Nous recevons chaque jour entre dix et vingt personnes», affirme un responsable gouvernemental à Mandapam, le camp de transit où tous les nouveaux arrivants doivent se faire enregistrer avant d'être dispersés dans une centaine d'autres camps. Au total, ceux-ci abritent près de 80 000 réfugiés, arrivés par vagues successives. Au milieu des