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Libération
Reportage

Dans la province de Kandahar, entre bavures de l'Otan et joug des talibans

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publié le 31 octobre 2007 à 1h13

Le taxi s'arrête devant le gardefrontière, qui scrute, menaçant, le visage des passagers. Chaman est la porte d'entrée vers l'Afghanistan depuis le Baloutchistan pakistanais ; une ville frontière de contrebandiers, dont les bazars recèlent les spécialités locales : armes et paradis artificiels. La «ligne Durand» qui traverse ces collines sur les cartes, sépare le peuple pachtoun entre le Pakistan et l'Afghanistan. Mais des papiers ne sont pas nécessaires pour traverser. A chaque point de passage, les gardes évaluent le montant du pot-de-vin. Les négociations se terminent en poignées de main qui laissent glisser quelques billets. Les barrières se lèvent, au fur et à mesure. Dans l'autre sens, un patient afghan est emmené vers un hôpital pakistanais.

Spin Boldak dépassé, le taxi file dans un sillage de poussière. Mais les passagers, pris de panique, se mettent soudain à crier. Un convoi de véhicules blindés de l'Otan arrive à vive allure dans la rue principale. Le chauffeur fait une embardée au dernier moment, se jetant sur le bord de la route. Il se fait injurier : «Tu es fou ! Tu aurais dû t'écarter immédiatement, ils ont failli nous tirer dessus». Dans ce sud pachtoun, en proie à la guérilla des talibans, alliés aux barons de la drogue, les militaires étrangers se déplacent dans la hantise d'une bombe télécommandée ou d'une voiture piégée. Les Afghans ont pour ordre de se tenir à l'écart des convois. Le véhicule suspect qui s'approche trop est mitraillé, et, bien que