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Libération
Reportage

Málaga exhume les charniers de la guerre civile pour panser son passé

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publié le 31 octobre 2007 à 1h12

«Je veux savoir où déposer des fleurs.» Juan Solano ne réclame pas vengeance pour ceux qui ont tué son grand-père, son père et ses trois oncles. «Cela appartient au passé et personne ne peut le changer. Moi, tout ce que je demande, c'est de pouvoir de temps en temps apporter un bouquet de roses ou d'oeillets sur ce qui pourrait ressembler à leurs tombes. C'est un droit que devrait avoir tout être humain, non ?» Juan Solano a 76 ans. Il n'en avait que six, un soir de février 1937, à Málaga (sa ville natale) en Andalousie, quand des gardes civils franquistes se sont emparés de son père, Diego, un humble agriculteur sans activités politiques. Il ne le reverra plus jamais, tout comme ses autres parents. Cette même nuit, la soldatesque aux ordres du Caudillo les avait conduits au cimetière San Rafael, à l'ouest de Málaga, pour les fusiller sans autre forme de procès avant de les jeter dans une fosse commune. Juan a beau venir sur place presque chaque jour, il ne sait toujours pas où se trouvent les restes de ses parents assassinés.

«Boucheries». Comme lui, 400 personnes suivent avec fébrilité et émotion les excavations en cours à San Rafael, l'ancien cimetière municipal en désuétude depuis une trentaine d'années, où giseraient - dans une vingtaine de fosses communes - au moins 4 300 cadavres de fusillés, abattus au terme d'un jugement sommaire, voire sans aucune forme de procès. D'après les historiens, il s'agirait du plus grand charnier de la guerre civile espagnole