Mais où est donc passé Bernard Kouchner? Depuis le début de l'affaire de l'Arche de Zoé, le ministre des Affaires étrangères, en tournée en Asie, n'est sorti qu'à deux reprises de son silence pour la qualifier de «triste aventure» et pour expliquer que l'action humanitaire devait respecter des «règles». Y a-t-il, dans ce silence peu habituel, une gêne, voire une volonté de faire oublier des déclarations passées, peu compatibles avec son statut actuel ?
Activistes. C'est ce que lui reproche Rony Brauman, ex-directeur de MSF, qui a dénoncé hier et avant-hier la «responsabilité morale» de Kouchner, mais aussi de BHL et d'Urgence Darfour dans le scandale en cours. L'Arche de Zoé n'aurait, selon lui, fait que mettre en oeuvre les incantations de Kouchner à l'action et à l'ingérence - étatique certes - pour mettre fin au «génocide» et à «l'horreur» au nom d'une morale universelle.
Quelques jours avant de devenir ministre des Affaires étrangères, Kouchner soutenait la mouvance des activistes sur le Darfour, principalement regroupée dans trois ONG : Urgence Darfour, SOS Darfour et Sauver le Darfour. Sans être membre d'aucune d'entre elles, il a participé à des rassemblements, comme celui du 20 mars à la Mutualité : «300 000 morts, 2 millions de déplacés. Oui c'est un génocide qui s'accomplit sous nos yeux. Un de plus. Un de trop [.] Nos frères du Darfour sont en train de mourir. N'acceptons plus cela. Soyons plus forts que les obstacles», déclara