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Libération
Reportage

La Réunion victime de son «sabre»

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publié le 1er novembre 2007 à 1h14

A la Réunion, on ne tue pas à coups de fusil. On choisit le sabre, le nom créole donné au coupe-coupe. Pas un week-end sans un conflit réglé à l'aide de cette arme blanche de sixième catégorie, outil agricole «très utile pour couper la canne à sucre» et «régler des litiges», lit-on, incrédule, sur le site de la Ptite gazette de l'île de la Réunion. Tout le monde en possède un à la «case», indispensable pour maîtriser la végétation tropicale. Beaucoup en cachent sous le siège de leur véhicule, une pratique plus ou moins tolérée par les forces de l'ordre. C'est le cas de Virgile, un maçon de 50 ans : «Si domoun cherch amoin, mi rale mon sab é mi coup ali», («si quelqu'un me cherche, je prends mon sabre et je le tue»), prévient l'ouvrier, en quittant son chantier. «C'est le couteau suisse des Réunionnais», lâche sans rire l'avocate Marion Riess à la sortie du «procès du siècle» : en septembre, les meurtriers de l'ancien champion du monde de boxe française Johnny Catherine ont écopé de peines de six mois à dix ans de prison ferme. Ils avaient coupé le pied de leur victime à l'aide de sabres et exhibé leur trophée. Grondin, une bière à une main, un verre de rhum dans l'autre, comprend ce geste. Gesticulant devant le punching-ball accolé au comptoir d'une gargotte, l'homme voudrait qu'on coupe «lé zeuf» des violeurs (les castrer). André Buisson, neuropsychiatre qui intervient dans les commissariats durant les gardes à