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Libération

Mourir de faim sur l'autel de la réduction de la dette publique

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publié le 2 novembre 2007 à 1h16

«Mon ventre est vide. Je veux un bol de riz. Je n'ai pas mangé depuis vingt-cinq jours» : ainsi s'achevait, le 5 juin, le journal, révélé mi-octobre, de Hiroki Nishiyama, un homme de 52 ans, mort de faim cet été, à Kokura, une municipalité de Kitakyushu (1,4 million d'habitants), dans le sud-ouest du Japon.

Quotas. Cet ancien chauffeur de taxi sans travail n'aura pas eu le temps, comme il le voulait, de chercher un nouvel emploi. Il est mort deux mois après qu'un des 142 fonctionnaires de la municipalité chargés des régimes de santé et de retraite, a décidé de ne plus lui verser l'aide publique de quelque 100 000 yens (650 euros) qu'il percevait depuis cinq mois. En fait, Hiroki Nishiyama a été la victime d'une politique de quotas : les avancements de ces fonctionnaires dépendent de leur zèle et de leur succès à éliminer des registres de pensions, chaque année, au moins 5 des 73 bénéficiaires dont chacun à la charge.

Réduit à la plus extrême misère et ne pouvant plus se procurer de quoi se nourrir, Hiroki Nishiyama est passé en deux mois de 68 à 54 kilos et en est mort. Dans le journal retrouvé le 10 juillet près de son corps, il avait écrit, le 25 mai : «Il est 3 heures du matin. Cet être humain n'a pas mangé depuis dix jours. Mais est toujours en vie. Je veux manger du riz. Je veux une boule de riz [vendue 60 centimes d'euro dans toute supérette nipponne, ndlr].» Dans un pays où les clochards se cachent dans les parcs pour mourir, et où l'aumône et la charité s