Cela fait 148 jours depuis les élections législatives du 10 juin que la Belgique est à la recherche d'une majorité de gouvernement. Presque cinq mois ! Cette crise va donc dépasser celle de 1987, jusque-là la plus longue de l'histoire du royaume. A l'époque, il avait fallu 148 jours aux partis belges pour surmonter la violente crise provoquée par la question des Fourons, une enclave flamande en terre wallonne.
Pourquoi la crise s'éternise-t-elle ?
La Belgique est en réalité scindée en trois parties depuis 1962, date à laquelle la «frontière linguistique» a été gravée dans le marbre : au nord, la Flandre néerlandophone, la région la plus riche et la plus peuplée (6 millions d'habitants), au sud, la Wallonie francophone (3,5 millions) et pauvre, et, au milieu, enclavé en Flandre, Bruxelles (1 million d'habitants, à 90 % francophones), à la fois capitale de la Flandre et de la Belgique. Entre 1968 et 1978, tous les partis se sont scindés, Flamands d'un côté, francophones de l'autre. Résultat : chaque communauté vote pour ses partis sans possibilité de voter pour ceux situés de l'autre côté de la frontière linguistique (hormis la circonscription de Bruxelles-Halle-Vilvorde, créée pour permettre aux quelque 120 000 francophones de la périphérie bruxelloise de voter pour des partis francophones).
Les Flamands, une fois leur «territoire» reconnu, n'ont eu de cesse de déshabiller l'Etat central au profit des régions. En 1993, la Belgique est ainsi devenue un Etat fédéral. Et, à