«Les moutons ? Malheureusement, ils sont morts.», soupire, Petrica Farcas avec un sourire. Ce Rom, âgé de 45 ans et qui en paraît dix de plus, est revenu de France en début d'année dans le cadre d'un «rapatriement volontaire» organisé par l'Anaem (Agence nationale d'accueil pour les étrangers et lesmigrations). Une fois arrivé en Roumanie, l'Etat français l'a aidé à ouvrir une petite affaire. «L'aide est de 3 600 euros et on bâtit un projet avec eux, mais ils ne touchent pas directement l'argent», affirme Titel Cosean, responsable de l'ONG Kelsen . Mais quel type d'affaire peut-on développer avec des gens qui sont souvent illettrés et n'ont jamais exercé une activité commerciale ? «Pour la plupart, il s'agit de microprojets agricoles. On leur achète des moutons, en espérant qu'ils pourront vivre en vendant le lait, le fromage, la laine ou les agneaux. Parfois ça marche, parfois non», résume, un brin fataliste, le responsable de l'ONG.
«Besoin d'argent». En ce pluvieux matin d'automne, Petrica Farcas, est assis devant sa maison du village de Uliuc (ouest), de la boue jusqu'aux chevilles. «Ce n'est pas vrai que ses animaux sont morts, glisse une voisine. Les moutons, il en avait 50, et il les a vendus.» Petrica Farcas finit par avouer. «Que voulez-vous, nous sommes 19 âmes dans la maison, nous avions besoin d'argent.» Il a profité de la somme pour acheter un cheval et une vache, ainsi que pour agrandir sa maison délabrée.
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