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Interview

Radhia Nasraoui «Au nom de l'antiterrorisme, Ben Ali renforce en réalité l'arbitraire»

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Radhia Nasraoui, de l'Association contre la torture en Tunisie.
publié le 7 novembre 2007 à 1h20

Voilà vingt ans jour pour jour, qu'il règne en maître absolu sur la Tunisie : le 7 novembre 1987, Zine el-Abidine ben Ali destituait son prédécesseur Habib Bourguiba, le Père de l'Indépendance, pour cause de «sénilité». Depuis ce «coup d'état médical», l'homme fort du pays est régulièrement réélu avec des scores soviétiques frôlant les 99,9 %. Mais il peut se targuer d'un taux de croissance de 6 % et de l'absence d'opposition islamiste officielle. De quoi justifier le silence des démocraties occidentales qui passent par perte et profit les tortures systématiques, les agressions et intimidations contre toute voix critique. Radhia Nasraoui, présidente de l'Association contre la torture en Tunisie, interdite par les autorités, en a fait plusieurs fois l'expérience. Cette avocate courageuse s'est souvent mise en danger pour dénoncer la chape de plomb qui pèse sur son pays. De passage à Paris, elle dresse aujourd'hui un bilan accablant.

Comment vit-on en Tunisie aujourd'hui ?

Dans la peur ou la soumission. Ben Ali s'autorise des choses qu'il n'aurait jamais osé faire il y a quelques années. Des gens sont agressés en pleine rue. Cela m'est d'ailleurs arrivé il y a deux ans. Mais le procureur a refusé de prendre ma plainte. La torture s'est également intensifiée. Elle est devenue systématique. Dès qu'on arrête quelqu'un, prisonnier politique ou prévenu de droit commun, on le tabasse, on le fait passer «à la baignoire». On lui impose «le poulet rôti» : pieds et mains liés aut