«Comme vous le voyez, ce n'est pas le grand luxe». Frank Farsø Nielsen s'excuse presque de la sobriété des deux pièces qui lui tiennent lieu de bureau, dans le bâtiment en préfabriqué, rattaché à l'hôpital universitaire d'Århus. A 55 ans, ce Danois dirige le plus gros service d'orthopédie du pays. Mais ses quartiers n'en laissent rien paraître. «Qu'on ne vienne pas dire que les hôpitaux publics roulent sur l'or», raille-t-il, avant de s'emporter contre ce qu'il appelle «la privatisation du système de santé». Un sujet sensible au Danemark, où la campagne électorale a été dominée par l'avenir de l'Etat-providence.
Frank Farsø Nielsen rappelle les principes du système de santé, fortement décentralisé et financé à plus de 80 % par l'impôt, qui se caractérise par la gratuité des soins de base et une prédominance du public. Un système qui a la faveur des Danois : «Nous avons le taux de satisfaction le plus élevé en Europe», se réjouit le médecin.
Mais il ne peut s'empêcher de manifester son inquiétude. Plus de la moitié des 30 spécialistes de son service travaillent désormais dans le secteur privé, sur leur temps libre. «Ils sont aussi bons qu'avant, mais ils sont beaucoup moins présents. Désormais, ils font leurs 37 heures, puis disparaissent.» L'ambiance a changé dans le service. D'autant que les médecins ne sont pas les seuls à déserter l'hôpital pour des cliniques privées. Les infirmières suivent. Frank Farsø Nielsen comprend. Dans le public, u